Éoliennes Pourquoi tant de haine ?

20.02.2025 | Economie |

C. Philibert "Éoliennes pourquoi tant de haine"
allemand

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Thème

Analyse économique
C. Philibert "Éoliennes pourquoi tant de haine"

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Ancien collaborateur de l’AIE et chercheur auprès de l’ifri, Cédric Philibert publie aux éditions « Les petits matins » en collaboration avec l’institut Veblen pour les réformes économiques « Éoliennes, pourquoi tant de haine ? ». Cet ouvrage d’un peu moins de 200 pages est paru au début 2023. Son titre fait penser à un règlement de compte, mais, en fait, c’est plutôt une démonstration en faveur d’une politique climatique équilibrée pour la France et pour l’ensemble du monde.

D’emblée, l’auteur cherche à élargir le champ d’analyse en montrant que les éoliennes ne sont qu’une pièce d’un grand puzzle dont les pièces doivent s’emboîter pour réussir la transition énergétique. Les énergies renouvelables sont en train de dépasser le charbon dans la production d’électricité. Comme l’a décidé la conférence de Paris, il ne faut pas seulement freiner les émissions de CO2 mais transformer le système productif en remplaçant les combustibles fossiles par l’électricité.

Certes, la production électrique des renouvelables connaît des phases de repli selon les saisons, mais ce phénomène ne peut pas être compensé par l’énergie atomique, qui est une énergie « en ruban » qui est peu réactive. Cette énergie « complémentaire » n’est nécessaire que dans 10% du temps et pour une quantité totale de seulement 3% du total. Pour Philibert, l’éolien est très efficace. Au fil des progrès techniques, son coût a été divisé par trois au cours de la dernière décennie. Le facteur de charge (la période pendant laquelle les générateurs produisent) a notamment été nettement amélioré. Il s’agit aussi d’une énergie presque financée totalement lorsqu’on commence à produire et, vu les investissements consentis au début, sa rentabilité est largement dépendante du taux du loyer de l’argent. Les subventions publiques ont clairement servi à amorcer la croissance, mais l’État français a pu largement s’y retrouver en taxant la production des éoliennes.

Si on prend l’exemple de l’Allemagne, l’éolien n’a pas induit une augmentation de la consommation de charbon, au contraire. Dans la dernière décennie, l’essor des renouvelables a permis de réduire de 35% la production à base de charbon et de 25% la production nucléaire. Si certains proposent d’abandonner l’éolien au profit du solaire, cela n’est pas possible en fonction des conditions atmosphériques : l’éolien est surtout productif en hiver, lorsque les besoins sont les plus élevés, alors que le solaire produit en été. Il faudrait donc stocker la production du solaire pour la récupérer en hiver, ce qui provoque des pertes jusqu’à deux tiers, comme c’est le cas lorsqu’on utilise l’électricité pour produire de l’hydrogène. Lorsqu’on réalise que les panneaux photovoltaïques coûtent au KWh jusqu’à trois fois le prix d’une installation éolienne, l’avantage de cette solution apparaît clairement. Philibert évoque également d’autres pistes comme la géothermie ou la biomasse pour contribuer à combler le « pic » de la demande hivernale. En effet, le nucléaire français est vieillissant et la nouvelle génération de réacteurs est extrêmement coûteuse et arrivera dans tous les cas trop tard.

Finalement, l’auteur n’analyse pas dans le détail les motifs de cette haine spectaculaire des opposants les plus opposés à l’éolien comme Fabien Bouglé, dont je viens de commenter le dernier brûlot. Pour lui, cet auteur est « excessif, insultant, insignifiant » et il se limite à corriger ses dérapages les plus frappants comme l’accusation de faire mourir les vaches vivant à proximité des éoliennes. Philibert corrige également certaines affirmations de Jean-Marc Jancovici qui déclarait dans sa fameuse bande dessinée « Le monde sans fin », que j’ai également commentée, qu’il est nécessaire d’installer 550’000 éoliennes en France. L’expert a en fait confondu énergie primaire (par exemple chaleur pour faire fonctionner une turbine) et énergie finale (par exemple électricité mise à disposition du consommateur).