L’Agence internationale de l’énergie (AIE) est une organisation sœur ou fille de l’OCDE. Elle a été fondée en 1974 sous l’impulsion des États-Unis, qui souhaitaient créer un club des pays consommateurs face à l’OPEP, qui représentait les pays producteurs qui venaient d’utiliser le pétrole comme une arme politique. Les rapports entre AIE et OCDE ne sont pas toujours très clairs, car les statuts de l’AIE ont été conçus dans l’urgence et il y a parfois des tensions, comme j’ai pu l’observer lorsque j’étais représentant permanent adjoint de la Suisse auprès de l’OCDE et également de l’AIE. La Suisse est un des 31 membres de l’organisation, qui coopère également avec les pays émergents non producteurs de pétrole. Sur le modèle de l’OCDE, l’AIE organise périodiquement un examen par les pairs de la politique énergétique de chaque membre.
Le dernier examen de la Suisse datait de 2018. L’étude qui a été présentée le 11 septembre dernier commente en quelques 130 pages l’examen qui s’est déroulé principalement à fin 2022. L’Office fédéral de l’énergie (OFEN), le principal partenaire suisse de l’AIE présente un résumé de cette étude et son interprétation des recommandations de l’AIE au gouvernement suisse. Le rapport de l’AIE est très intéressant, car il présente de nombreuses statistiques, graphiques et analyses de la politique énergétique suisse de la dernière décennie. Il peut être envisagé à mon avis comme un complément à l’ouvrage de Roger Nordmann .
Pour l’organisation, la Suisse doit accélérer ses efforts si elle veut atteindre ses objectifs ambitieux de zéro émissions à l’horizon 2050. Il faut déjà préparer les mesures qui prendront le relais après 2030. L’AIE relève qu’il faut prendre des mesures pour corriger des procédures beaucoup trop lentes ainsi que le manque de personnel qualifié pour la mise en œuvre de la transition énergétique. Une meilleure coopération avec l’Union européenne offrirait des solutions bienvenues, pour autant que la Suisse accepte d’ouvrir ses marchés. Le potentiel éolien est semble-t-il supérieur à ce qu’on pensait, mais l’AIE ne commente que très peu les progrès plus que modestes réalisés dans ce domaine. La position de l’organisation face à la Suisse est donc plutôt bienveillante.
Si vous n’êtes pas intéressé(e)s par la lecture des 130 pages du rapport en langue anglaise, vous pouvez à mon avis vous limiter au 3 pages et demi du résumé qui se trouve au début et je pense qu’il vaut la peine de reprendre dans leur formulation originale les recommandations les plus importantes que l’AIE adresse au gouvernement suisse :
Key recommendations
The government of Switzerland should:
- Work together with cantons to speed up permitting of energy projects of national interest.
- Encourage the cantons to harmonise and accelerate permitting processes, improve spatial planning for renewables, and remove legal barriers.
- Ensure timely preparation for the period after 2030 by starting to conceptualise the measures that need to be included in a new draft CO2 Act for the post-2030 period.
- Introduce basic gas market regulation.
- Establish an energy efficiency first principle in the energy and climate legislation to ensure it is considered and implemented in all relevant policies and plans.
- Align its electricity market regulations with those in the European Union, including on full market opening, while preserving the system of electricity supplies of last resort, and prepare for the legal integration of Switzerland into the EU internal market.