Comme je l’avais relevé en décembre 2021 au moment du lancement de l’initiative par les Jeunes Verts avec le soutien du Parti socialiste, ce texte soulève des problèmes méthodologiques importants . L’approche est simple : il s’agit de réduire notre empreinte écologique en évitant de consommer plus que ce que la nature peut régénérer elle-même. La mise en pratique est, elle, beaucoup plus complexe en ce qui concerne la mesure de notre empreinte écologique et la mise en œuvre de mesures pour la réduire.
Ainsi que je l’avais analysé de manière plus approfondie, mesurer notre empreinte implique d’évaluer l’impact de la production des biens que nous importons de l’étranger. Or, la Suisse s’est spécialisée dans des productions « propres » et importe la quasi-totalité des biens à forte empreinte comme l’acier, les véhicules ou les hydrocarbures. Comment appliquer l’initiative dans ce domaine ? Faut-il bloquer les importations ou imposer des critères stricts à nos fournisseurs à l’étranger ? La Suisse reste définitivement trop petite pour imposer un « Switzerland First » à la Trump…
Les initiants n’ont, à mon avis, pas vraiment réussi à éclaircir ces problèmes méthodologiques et se sont contentés de signaler que le gouvernement et le Parlement auraient 10 ans pour mettre en œuvre les mesures nécessaires. Les opposants ne se sont non plus pas creusé la tête. Si on lit la brochure d’information pour la votation du 9 février prochain, « La Suisse a réalisé des progrès », ce qui semble suffire. L’initiative réduirait fortement la consommation, raisons suffisantes pour opter pour le « Niet ».
Finalement, mon cœur balance : l’initiative sera difficile à mettre en œuvre, mais l’immobilisme des opposants est loin d’être motivant… Je voterai tactiquement OUI pour donner un signal au vu du contexte d’ensemble.