L’académie suisse des sciences vient de publier un rapport intitulé « Le rôle des matériaux critiques dans la transition énergétique » avec le sous-titre « Défis et opportunités ». Ce rapport d’une quinzaine de pages s’appuie notamment sur des analyses similaires de l’Union européenne.
Le constat est inquiétant. Nous dépendons énormément de l’extérieur pour notre approvisionnement en minéraux et terres rares indispensables à la mise en place d’activités ne produisant plus de CO2. Comme l’illustre le graphique ci-dessous, si nous nous fournissons parfois auprès de nos voisins européens, eux importent matières premières et semi-produits de Chine, pays qui domine actuellement la chaîne de valeur dans ce secteur.
Chaîne d’approvisionnement photovoltaïque
L’analyse met le doigt sur la situation particulière de la Suisse : notre industrie a perdu la position de pointe qu’elle occupait il y a quelques années en matière de panneaux solaires. Maintenant, nous ne faisons plus qu’importer des produits finis ou semi-finis. En conséquence, il est particulièrement important pour notre pays que les échanges internationaux dans ce domaine restent libres de toutes entraves. La menace au niveau de l’approvisionnement est différente de ce qui prévaut pour les hydrocarbures pour lesquels les possibilités de stockage sont limitées et où on parle de livraisons en flux tendus. Une interruption momentanée est moins dramatique pour ces matériaux, qui peuvent en quelque sorte être considérés comme des biens d’investissement. Les infrastructures et véhicules déjà existant pourront continuer de fonctionner malgré l’arrêt éventuel de la livraison de nouveaux panneaux solaires ou de batteries construites à partir de terres rares.
La position de la Suisse est également particulière dans la mesure où notre pays compte quelque 900 entreprises actives dans le négoce des matières premières, activités qui représentent 8% du PIB suisse. Environ 60% du commerce international de métaux de base (zinc, cuivre, aluminium) sont négociés en Suisse. Une entreprise comme Glencore représente 19% de la production mondiale de cobalt, 6% pour le cuivre et 4% pour le nickel.
Le rapport signale bien les risques réputationnels pour ces entreprises et, indirectement, pour notre pays. Il énumère les discussions politiques qui ont eu lieu à propos de la responsabilité sociétale des multinationales, sans sembler prendre parti. Les recommandations de prendre exemple sur l’UE et de motiver ces entreprises à mettre en place une stratégie ESG (Environnement, Social, Gouvernance) restent dans une large mesure sibyllines.
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