Le Conseil fédéral vient de publier son message en réponse à l’initiative populaire de l’UDC intitulée « De l’électricité pour tous en tout temps (Stop au blackout) ». Si le gouvernement propose au Parlement de rejeter l’initiative, il lui oppose un contre-projet indirect qui revient, en fait, à accepter les objectifs de l’initiative. Le gouvernement relève qu’il n’est pas nécessaire de réviser la constitution fédérale pour lever l’interdiction de développer des centrales nucléaires. En effet, il suffit d’une loi pour réintroduire cette forme d’énergie qui avait été interdite par le Peuple en 2011 suite au désastre de Fukushima. De manière piquante, le Conseil fédéral critique les velléités centralisatrices de l’UDC, qui prône une gestion centralisée de l’énergie par la seule Berne fédérale.
En réintroduisant l’énergie atomique, l’exécutif fédéral brise un tabou, tout en restant dans le flou. Il explique bien que toutes les sources d’énergie devraient pouvoir être utilisée pour garantir notre développement énergétique, mais sans préciser le timing de l’opération, et « c’est là que les Athéniens s’atteignirent ».
Un rapport de l’Académie suisse des sciences publié en Juillet tombe à point nommé en fournissant une analyse complète et dépassionnée. Ce rapport intitulé « Perspectives de l’énergie nucléaire en Suisse » est disponible également dans une version de synthèse en français. Le communiqué de l’Académie met le doigt dans la plaie en titrant « Une nouvelle centrale nucléaire pas envisageable avant 2050 au plus tôt ». Dans tous les cas, une nouvelle centrale ne pourrait pas entrer en fonction avant l’arrêt des centrales de Beznau et, vraisemblablement, de celles plus récentes de Gösgen et Leibstadt. L’analyse très détaillée du rapport indique également qu’il n’y a que très peu de constructeurs potentiels d’une nouvelle centrale et que ceux-ci se heurtent à de multiples difficultés financières et techniques. De plus, le rapport met le doigt sur un autre obstacle : dans un marché libre, l’énergie atomique entrera en concurrence lors de l’été avec l’énergie solaire à très bas coûts ce qui augmenter beaucoup le prix de l’énergie atomique. Le rôle très important de garantie joué en l’hiver par cette énergie sera à mettre en comparaison avec sa rentabilité.
Si le gouvernement veut véritablement réintroduire le nucléaire, c’est sur ces points qu’il devra nous éclairer.
