L’édition 2022 du rapport « Sustainable development report » a été publiée récemment par Cambridge University Press, qui a pris la relève de la Fondation Bertelsmann. A mon grand étonnement, la Suisse a nettement amélioré son classement. Débutant au 5ème rang en 2016, elle était tombée au 15ème rang en 2021 comme je l’ai commenté en décembre dernier. En 2022 la Suisse retrouve le 8ème en se classant immédiatement après les 4 pays nordiques, l’Autriche, l’Allemagne et la France.
Une analyse détaillée montre que c’est l’évolution des données indirectes concernant surtout la consommation qui explique cette « remontada ». Cette amélioration repose sur les valeurs de dioxyde de soufre et d’azote qui ont été mise à jour dans les modèles externes utilisés pour mesurer les effets de notre consommation découlant de nos importations. L’indice de « Spillover » calculés dans le rapport s’améliore ainsi de manière significative par rapport à 2021.
Selon moi cette approche aboutit à déclasser les pays dont l’économie est largement ouverte sur l’extérieur, ce qui explique le recul initial de la Suisse. Le calcul de ce degré d’ouverture montre que sa valeur diminue avec la taille des économies et qu’elle reste en-dessous de la moyenne pour les pays qui précèdent la Suisse pour l’indice de durabilité. A l’opposé les pays européens les plus ouverts en matière d’échanges de marchandises, les Pays-Bas et la Belgique en l’occurrence, enregistrent des valeurs de Spillover extrêmes et ont vu leur classement de durabilité fluctuer fortement et se dégrader.
Je crois que la conclusion s’impose : additionner les différents indicateurs du développement durable est risqué lorsqu’on constate que l’ONU s’y refuse. Leur ajouter des données indirectes calculées par des modèles destinés à mesurer les effets de nos importations sur les pays producteurs rend le tout encore plus instable. Les fortes variations indiquées par ce graphique montrent que ces résultats ne sont pas vraiment robustes en termes statistiques. Les auteurs de ces calculs indiquent qu’il ne faut pas se concentrer sur de faibles variations de l’indice et du classement des pays. C’est compréhensible mais, à mon avis, il n’y a plus d’intérêt à produire un classement/ranking des nations, ce qui est en fait la raison d’être, l’élément marketing central de telles études.
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