HOMO ENERGETICUS

21.10.2023 |

Stéphane Sarrade est un ingénieur polytech et Dr. en sciences qui est directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Il a déjà publié plusieurs ouvrages prônant une « chimie verte ».  Son dernier ouvrage « Homo Energeticus » qui vient de paraître chez humenSciences  est présenté par son éditeur avec le slogan « Non à la décroissance, Oui à la déconsommation » et est complété par le sous-titre « pour une transition bas carbone ».

Cet ouvrage est le produit d’un scientifique qui défend le potentiel de la technique tout en souhaitant garder une certaine distance et une vue d’ensemble. Il commence en retraçant le rôle central de l’énergie dans le développement de l’humanité et fournit en cela un résumé assez honnête de toutes les analyses historiques que j’ai pu lire jusqu’ici. Pour le reste, Sarrade ne se mouille pas trop ; il relève notamment les analyses de Jean-Marc Jancovici ou de Bill Gates, dont il partage les principales conclusions.

Une des contributions de l’auteur est l’analyse critique du monde numérique « En bref, le numérique actuel est-il compatible avec les contraintes inhérentes à un monde fini ? la réponse est non ! » (p. 145). Il note par exemple que le numérique représente aujourd’hui 10 à 15 % de la consommation d’électricité mondiale et serait le troisième plus gros consommateur si on le comparait aux pays. Il relève que la transition énergétique et le passage à une énergie basée sur l’électricité « renouvelable » présente le risque de remplacer notre dépendance au pétrole par une dépendance aux métaux stratégiques.

Sarrade ne se limite pas à une analyse technique. Il souligne les risques que le domaine des énergies se télescope avec celui de la fracture sociale dans la mesure où le nécessaire renchérissements du carbone touche davantage les couches les moins aisées de la population. Dans tous les cas, la transparence en matière de carbone est très importante et Sarrade souligne la nécessité d‘introduire dans les pays européens une taxe frappant les importations « cachées » de carbone, à l’exemple des panneaux solaires importés de Chine.

L’auteur relève également qu’une grande partie des solutions techniques sensées permettre la transition énergétique ne sont pas encore vraiment abouties. Il reconnaît aussi la nécessité de changer notre mode de vie (inéluctable), ce qui le pousse à intituler son dernier chapitre « Finalement, nous ne pouvons pas conclure… ». Il nous propose de nous inspirer des « Solutionnistes » et de leur Newsletter.

Donc nous restons en partie sur notre faim. Affaire à suivre..

Stéphane Sarrade, Homo Energeticus
Stéphane Sarrade, Homo Energeticus

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