En réponse à un postulat de la Commission de l’économie et des redevances du CN, qui demande si la Banque nationale suisse (BNS) peut soutenir la réalisation des objectifs du développement durable, le Conseil fédéral a publié aujourd’hui un rapport sur la marge de manœuvre de la Banque centrale, rapport qui a suscité de vives critiques de la part du WWF.
Dans son rapport d’une cinquantaine de pages, le Conseil fédéral relève que certaines banques centrales comme la BCE ou la Banque d’Angleterre se sont vu attribuer le mandat secondaire de soutenir l’économie en complément du mandat principal de stabilité des prix. Ces deux banques centrales ont en conséquence adapté leur politique d’achat de titres en fonction de critères environnementaux. D’autres banques centrales qui n’ont pas d’objectifs secondaires n’en poursuivent pas moins des politiques d’investissement tenant compte des critères environnementaux. En Suisse, la fixation d’un objectif secondaire nécessiterait une modification de la Loi sur la Banque nationale et le principe de légalité s’oppose à ce que la BNS élargisse elle-même son mandat.
Dans sa politique de placements, la BNS cherche à limiter les conflits d’intérêts et à ne pas donner aux marchés des signaux qui pourraient être mal interprétés, raison pour laquelle ses investissements répliquent en général la structure et la composition des marchés. Malgré cela, la politique de placement de la BNS respecte certaines valeurs communes au monde politique suisse et évite d’investir « dans des entreprises considérées comme particulièrement irresponsables dans les domaines concernés » (environnement, droits humains, notamment).
Dans ses conclusions, le Conseil fédéral relève qu’il n’est pas souhaitable que les objectifs de la BNS soient complétés par des critères relatifs à l’environnement. C’est justement ce que critique le WWF qui, dans son communiqué, demande au Parlement de compléter la loi sur la Banque nationale en relevant que l’exécutif « fait l’impasse sur les faits scientifiques ».
Il est à mon avis encourageant que le Conseil fédéral ne se couche pas devant l’organisation au panda et son désir « d’arrêter les pertes de biodiversité ». Selon moi, la science n’a jusqu’ici pas fourni d’éléments permettant de lier politiques monétaires et évolution de la biodiversité. D’ailleurs, le rapport du Conseil fédéral n’aborde à aucun moment cette problématique. Bien sûr, le WWF pourrait souhaiter que les banques centrales provoquent une profonde récession afin de casser la croissance et par ricochet gèlent certaines répercussions sur notre environnement. Mais le WWF se veut « business-friendly »….
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