Après l’adhésion de la Suisse à la Convention des Nations Unie sur la diversité biologique de 2009, les autorités helvétiques ont adopté un rythme de sénateur pour la mise en œuvre de ce qui était considéré comme une politique urgente : il a fallu attendre 2012 pour découvrir la ‘Stratégie Biodiversité Suisse’, et le premier Plan d’action a été lancé en 2017. Le rapport dont il s’agit ici, et dont le Conseil fédéral ‘a pris connaissance’, a pour objectif d’évaluer l’impact du Plan d’action pour sa première période 2017-2023. Le gouvernement conclu d’emblée dans son communiqué de presse que « ses effets ne peuvent toutefois [pas] encore être évalués de manière définitive ». En conséquence, le plan actuel est prolongé d’une année pour donner au département du Conseiller fédéral Rösti le temps de tirer ses conclusions et de proposer la prochaine phase du Plan d’action pour 2025-2030.
Comme presque toutes les évaluations de ce genre, l’étude d’impact considère que la période sous revue reste trop courte pour tirer des conclusions définitives. Toutefois, les remarques produites par une évaluation intermédiaire en 2021 ont déjà permis des premières corrections et 60% des mesures urgentes définies à ce moment-là ont pu être mises ‘sur la bonne voie’. Ce qui étonnera encore moins, c’est que la conclusion centrale de l’Office de l’environnement (OFEV) est de souligner le manque flagrant de personnel, qui explique que beaucoup de mesures aient pris du retard.
Grosso modo 1/3 des projets ont pu être réalisés et sont plus ou moins terminés. Un autre tiers enregistre des retards limités, tandis que le dernier tiers a été retardé, voire pas du tout mis en œuvre. Sur la dizaine d’objectifs définis, celui d’utiliser durablement la biodiversité n’a pas pu être atteint. Par contre, la création d’une infrastructure écologique a enregistré des progrès. Celui d’améliorer la situation des espèces prioritaires a été partiellement atteint et l’on peut considérer que l’objectif de contrer l’appauvrissement génétique a pu être atteint, même s’il y a actuellement trop peu d’informations sur les espèces sauvages ( !). Le développement de la biodiversité dans les espaces urbains est un objectif qui a été partiellement atteint, tandis que l’augmentation de l’engagement international de la Suisse a, elle, été un succès, comme plus ou moins les objectifs de surveillance de la biodiversité.
Ces succès partiels ne peuvent toutefois pas masquer le constat de l’OFEV qui est que « l’état général de la biodiversité en Suisse reste insatisfaisant. Dans leur majorité les objectifs de la SBS (la stratégie de 2017..) ne sont pas atteints. » À noter que le communiqué fait vaguement référence à l’objectif de faire passer les zones protégées à 30% du territoire au niveau international mais passe sous silence le refus récent du Conseil des États de viser 17% pour la Suisse.