Quelques jours après la clôture peu glorieuse en Colombie de la COP 16 sur la diversité biologique, Le Conseil fédéral a publié le 20 novembre les mesures adoptées pour la seconde phase de son plan d’action pour sauver la biodiversité en Suisse.
Ce qui me frappe le plus, c’est que le gouvernement fait bien référence au contexte international, mais pas à celui de la COP16 et sans en tirer les conclusions ultimes pour la Suisse. Il n’est quasi pas question d’argent également et ce thème semble avoir été laissé au seul programme d’économies de la Confédération. Je vois dans l’absence d’ambition du Conseil fédéral la patte du nouveau chef de département, le Conseiller fédéral Albert Rösti, qui semble avoir remis au pas les activistes de l’OFEV. La réaction des milieux de protection de l’environnement ont été très critiques, à l’exemple de celle du WWF qui demande au gouvernement de revoir immédiatement son plan d’action.
Je me suis plus particulièrement penché sur le document détaillant la deuxième phase du plan d’action Stratégie Biodiversité Suisse (SBS) avec le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (GBF pour Global Biodiversity Framework) et ses 23 cibles. La matrice qui illustre cet exercice montre beaucoup de rouge pour indiquer que ces objectifs ne sont pas atteints. Le plus frappant pour moi est que la présentation technique évacue presque complètement l’analyse politique et stratégique. L’objectif de préservation de 30% des surfaces (cible 3), qui était l’élément essentiel résultant de cette COP15 est bien mentionné à quelques reprises, mais le niveau atteint en Suisse et notre objectif à moyen terme disparaît presque complétement. Le Conseil fédéral s’est bien déclaré prêt à essayer d’atteindre les 17% qui avaient été fixés à la COP d’Aïchi en 2010 mais cela ne semble pas devoir être approfondi…
Cette comparaison des 10 objectifs suisses de la SBS avec les 23 cibles définies par le GBF est également au centre du mandat confié par Birdlife Suisse à l’institut de recherche EBP. L’approche de ces experts est relativement ‘modérée’ dans la mesure où ils indiquent devoir limiter leurs suggestions en raison de ressources insuffisantes. Toutefois, leurs conclusions sont plus claires en ce qui concerne le constat. Par exemple, en ce qui concerne la cible des 30%, ils analysent plusieurs calculs officiels de la surface protégée en Suisse et montrent qu’on arrive péniblement à 11%, voire moins suivant les définitions. Selon les indicateurs de l’OFS et leur évolution, il ne faudrait pas loin de 290 ans pour arriver aux fameux 30% !
« Gemäss dem MONET-Indikator haben die Schutzgebiete von 5% im Jahr 2000 auf ca. 6.7% im Jahr 2020 zugenommen. Dies entspricht eine Zunahme von ca. 1.7% in 20 Jahren. Um das Ziel von 30% mehr Schutzgebieten zu erreichen, sind demnach gemäss diesem Indikator bei gleichbleibender linearer Zunahme rund 280 bis 290 Jahre notwendig.» (op. cit. p. 24)