Le WWF, organisation internationale couvrant une centaine de pays et dont le siège se trouve à Gland, en Suisse, vient de publier son rapport intitulé en français « Planète vivante » qui fait le point sur l’évolution de la nature et de la biodiversité dans le monde.
Dana son communiqué de présentation de l’édition 2024, l’organisation précise que « cette étude porte sur les tendances de 35’000 populations et sur 5495 espèces d’amphibiens, d’oiseaux, de poissons, de mammifères et de reptiles. » Sans surprise, les conclusions du WWF sont très inquiétantes et se résument à un chiffre : les populations de faune sauvage ont diminué de 73%.
Un examen plus approfondi montre que la situation est un peu moins négative dans les zones de l’ancien monde « développé », Europe et Amérique du Nord, mais dramatique en Afrique, Amérique du Sud et en Asie-Pacifique. La Centrale suisse relève l’effondrement des populations de tortues caouannes en Australie et des dauphins roses de l’Amazone, tout en mentionnant d’autres signes plus positifs qui montrent qu’une modification des politiques nous laisse un mince espoir comme « Le retour du gypaète barbu dans les Alpes suisses est un exemple de succès en matière de protection des espèces ».
Pour moi, ce rapport est très intéressant. Le WWF a le mérite de décrire les enjeux. Il souligne les interrelations climat-biodiversité et met l’accent sur la nécessité de transformer notre système alimentaire : « Bien que le système alimentaire soit le principal facteur de dégradation de l’environnement, il n’est pas suffisamment pris en compte dans les grandes politiques internationales en matière d’environnement. (rapport p. 10) »
Un autre élément a retenu mon attention : le rapport prend le temps d’une réflexion sur la définition de la biodiversité et sur les méthodes pour en mesurer l’évolution. Le WWF met en avant son indicateur, l’Indice Planète Vivante (IPV) calculé à partir de 1970, mais signale aussi d’autre indicateurs statistiques comme la très connue « Liste rouge » de l’UICN, qui comptabilise les espèces menacées, ou alors l’Indice d’Intégrité de la Biodiversité (ou IQE, Indicateur de Qualité Écologique) calculé par le Muséum National d’Histoire Naturelle allié à d’autres partenaires. Je découvre cet indicateur et j’espère pouvoir bientôt y consacrer une analyse plus approfondie.
Avec ce rapport. Le WWF fournit des réflexions qui pourront intéresser les participants à la seizième Conférence des Parties (COP 16) à la Convention sur la diversité biologique, qui aura lieu en Colombie à Cali du 21 octobre au premier novembre 2024. En cela, le timing du WWF est bon, bien meilleur que celui du « GIEC de la biodiversité », l’IPBES qui selon Novethic devrait publier des rapports « faisant date » sur cette problématique, mais ‘malheureusement’ en fin d’année, après la COP16.