Le congrès récent de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a été inauguré par le président Macron (cf. notre commentaire) s’est terminé par l’adoption par acclamation d’un texte de 7 pages intitulé « Manifeste de Marseille ». Ce texte devrait être téléchargeable sur le site du congrès (https://www.iucncongress2020.org/fr/programme/manifeste-de-marseille) mais un problème technique semble empêcher cela. Je vous propose donc une source alternative : https://gomet.net/document-source-congres-mondial-de-la-nature/
L’UICN est une organisation très influente dans le domaine de la préservation de la nature et est particulièrement connue par les listes des espèces en danger, un des indicateurs utilisés pour évaluer l’évolution de la biodiversité. Ce texte mérite donc une analyse détaillée. Ce qui m’a frappé, c’est la quasi absence d’objectifs chiffrés. En matière de biodiversité, le thème majeur du manifeste à côté du climat et de la pandémie de covid, la cible peut se résumer en une phrase : « nous devons mettre un terme aux pertes de biodiversité d’ici 2030 et parvenir à la restauration des écosystèmes d’ici 2050. » Le chiffre « 30 » apparaît deux fois au niveau des objectifs :
- L’UICN appelle « notamment à ce qu’au moins 30% de la planète soit protégé d’ici 2030 ».
- Pour les gaz à effet de serre, l’UICN relève que les « solutions fondées sur la nature pourraient assurer environ 30% de l’atténuation requise d’ici 2030 ».
A côté de cela, le manifeste contient quelques autres objectifs chiffrés, ceux qui découlent des engagements de certaines régions ou de certains pays, comme la Grèce ou la France. Le pays hôte du congrès de Marseille s’est ainsi engagé à parvenir à 30% d’aires protégées au niveau national d’ici 2022 et de protéger fortement 5% des aires maritimes méditerranéennes, ce qui représente une augmentation d’un facteur de 25 par rapport à aujourd’hui.
Autre particularité et illustration des liens de l’UICN avec l’économie, ce manifeste signale que cinq multinationales (Kering, Holcim [siège suisse], l’Occitane, LVMH, Pernod Ricard) « se sont engagées à restaurer et développer la biodiversité grâce à des stratégies d’entreprises axées sur la nature ».
L’engagement de ces entreprises est une bonne illustration de ce que certains appellent de leurs vœux tandis que d’autres crient au « Greenwashing ». Je reste partagé, mais je ne crains en tout cas pas que mon pastis remplace son blanc laiteux par un vert écolo. Ce qui me semble plus intéressant, c’est de suivre les propositions chiffrées que l’UICN semble vouloir faire adopter dans le cadre de la COP15 de Kunming. Donc, affaire à suivre….