En résumé un banquier ça peut tout financer, y compris les investissements nécessaires pour que la Suisse atteigne l’objectif de zéro-émissions de CO2 en 2050. L’Association suisse des banquiers (ASB) a publié en août 2021 une étude réalisée avec la société de conseil « Boston Consulting Group BCG».
Cette étude intitulée « Finance durable » avec le sous-titre « Besoins en investissement et financement pour la neutralité climatique de la Suisse d’ici 2050 » évalue les investissements nécessaires à cette transition dans les dix secteurs de l’économie suisse qui produisent le plus de CO2. Du fait que la Suisse produit une grande partie de son énergie électrique avec des sources renouvelables et compte peu d’industries lourdes fortes productrices de CO2, les domaines dans lesquels les investissements de cette transition sont les plus importants sont les véhicules légers et le Bâtiment, qui à eux deux représentent près de la moitié des émissions. Les Véhicules lourds et l’Energie viennent ensuite. Cela correspond à peu près au classement des domaines les plus producteurs de gaz à effet de serre, à l’exception de l’Agriculture qui produit passablement de CO2 dans l’élevage, domaine dans lequel les émissions sont plus difficiles à réduire par des investissements.
Emissions annuelles de gaz à effet de serre (en mio. tonnes d’équivalent CO2 ) et investissements annuels nécessaires (en mio. CHF) pour atteindre en Suisse des émissions nulles à l’horizon 2050
Domaines | Emissions | Investissements |
Véhicules légers | 11.2 | 5708 |
Bâtiment | 11.1 | 2144 |
Agriculture | 6.5 | 170 |
Véhicules lourds | 3.4 | 1886 |
Energie | 3.3 | 1233 |
Autres | 10.6 | 769 |
Le volume total des investissements nécessaires est estimé pour la Suisse à 387,2 milliards CHF (y compris le trafic aérien international), montant qui devra être investi surtout jusqu’en 2040. Sur l’ensemble de la période, cela représente des investissements annuels moyens de 12,9 milliards CHF. A noter que ces chiffres ne concernent que la réduction des émissions directes de la Suisse et ne tiennent pas compte de « l’énergie grise » contenue dans les importations. On peut à ce sujet se référer à la contribution consacrée aux travaux de l’Office de la statistique.
Le volume annuel des investissements nécessaires représente environ 2% du. PIB de la Suisse. Sur cette base l’étude se concentre sur la possibilité de financer ces investissements. Elle arrive à la conclusion que 83% peuvent être financés par des crédits bancaires classiques. Les quelques 10 milliards de crédits nécessaires représenterait juste un peu plus de 10% du volume des nouveaux crédits accordés annuellement en Suisse. Pour les autres sources, 8 autres % pourraient provenir du marché des capitaux et 7% devraient être pris en charge par l’Etat. Finalement, ce ne sont que pour 2% des besoins dont le financement n’est pas encore très clair aujourd’hui. Cela permet à nos banquiers d’éclaircir leur position et de « tuer dans l’oeuf» d’éventuelles tentatives étatistes :
Selon nos estimations, un solde représentant environ 2 % des investissements nécessaires est difficilement finançable par les solutions susmentionnées. A ce sujet, nous avons examiné l’hypothèse de créer, comme l’ont fait d’autres pays, une banque publique d’investissement. Compte tenu du faible volume d’investissement concerné (environ CHF 300 millions par an), une telle structure apparaît non nécessaire en Suisse et risquerait de causer des distorsions du marché. (op. cit. p. 33)
A la fin de l’étude et après avoir apporté la preuve que le système bancaire peut assurer le financement de la transition sans interventions étatiques, l’ASB cherche à compléter le tableau en précisant le rôle de la place financière suisse dans les principaux développements au niveau planétaire :
Si la Suisse est un très faible émetteur de CO₂, sa place financière et son économie hautement développée lui valent une excellente réputation à l’étranger. Aussi est-il important qu’elle coopère à l’échelon international avec les organismes de normalisation, l’économie privée, les décideuses et les décideurs politiques ainsi que les autorités de surveillance financière. Pour trouver un langage commun international sur la taxonomie et aboutir à une série de principes en matière de financement de la transition climatique, sa contribution peut être précieuse. Les institutions suisses participent d’ores et déjà activement aux principales instances internationales, en particulier le Network for Greening the Financial System (NGFS), la plateforme internationale sur la finance durable (International Platform for Sustainable Finance, IPSF), le Climate Action Peer Exchange (CAPE) et le Conseil de stabilité financière. (op. cit. p. 48)