Politique climatique suisse : encouragements scientifiques

19.08.2022 | Climat |

académies des sciences
anglais

Source

Étude
anglais

Langue

Anglais
Territoire Suisse avec croix fédérale

Région

Suisse
Palais fédéral

Thème

Recherche scientifique
académies des sciences

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Les académies suisses des sciences viennent de publier un rapport intitulé « Système énergétique suisse 2050 :  pistes pour assurer le « zéro émission nette » de CO2 et la sécurité de l’approvisionnement ». Le rapport complet est disponible en anglais (56 p.) et une synthèse (16 p.) en français peut également être téléchargée.

Mon premier commentaire est que ce genre de publication est extrêmement bienvenu et contribue sous bien des angles à ramener une certaine sérénité dans les discussions. D’emblée, les auteurs relèvent que passer d’une politique de réduction du CO2 à un objectif de zéro-émissions représente un saut considérable. Il n’est plus possible d’amplifier les mesures précédentes et une approche d’ensemble devient indispensable :

Achieving these goals will not be possible without urgent and coordinated actions within a coherent policy design that stimulates economic, technological and social innovation at multiple levels. (p. 5).

Le rapport se limite aux émissions de CO2 intervenant en Suisse tout en reconnaissant l’importance des émissions « grises » qui découlent de nos importations. Ce choix se justifie dans la mesure où il est quasiment impossible de répartir les responsabilités entre producteurs et consommateurs et parce qu’il est très difficile d’influer sur les processus de production dans les autres pays.

Nous ne pourrons réaliser l’objectif de zéro émission nette de CO2 à l’horizon 2050 qu’en matérialisant ces cinq facteurs, qualifiés de 5 R : Réduire la demande de services énergétiques, Réaliser l’efficacité énergétique, Remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables, Réutiliser les matériaux et Reprendre le CO2 résiduel de l’atmosphère.

Les principaux piliers du futur approvisionnement en électricité sont l’hydroélectricité et le photovoltaïque. En ce qui concerne le nucléaire, le rapport note : « Si le développement (continu) de nouvelles technologies d’énergie nucléaire est à poursuivre, il est toutefois peu probable que ces dernières contribuent notablement à l’alimentation électrique avant 2050 ». L’énergie éolienne est également citée pour sa production qui se maintient en hiver. Toutefois le rapport fait référence à la faible acceptation par la population suisse.

L’étude des académies tient compte du secteur aéronautique, qui est souvent laissé de côté. Ce secteur qui représente 13% des émissions de CO2 souligne l’importance de nos échanges avec l’extérieur et la nécessité d’une ouverture de la Suisse : « Seule une meilleure intégration de la Suisse dans le marché international de l’énergie (notamment accords avec l’UE sur l’électricité) est économiquement rentable. Un approvisionnement en électricité qui ne dépende pas en hiver d’importations serait certes possible mais trop coûteux. Les carburants de synthèse, qui sont indispensables au transport aérien et au trafic des poids lourds, ne peuvent pas être produits en Suisse dans les quantités requises. Il convient donc de mettre, dès aujourd’hui, en place des coopérations avec certains états pour assurer les futures livraisons d’hydrogène et de carburants et combustibles de synthèse. ». La question du degré d’ouverture se pose également au niveau des différents scénarios retenus en matière d’approvisionnement énergétique. Il serait par exemple possible de renoncer à des importations d’électricité en hiver, mais cela supposerait une production photovoltaïque intérieur extrêmement élevée, peu vraisemblable. Un scénario qui reposerait sur davantage d’importations serait plus vraisemblable. Dans une telle variante, on aboutirait quand même à une forte réduction de notre dépendance par rapport à l’étranger, qui passerait de 75% à 40%.

Cerise sur le gâteau pour un économiste, le rapport accorde une place de choix au mécanisme des prix et propose : « L’application d’un mécanisme de tarification du carbone à tous les secteurs énergétiques constitue une étape importante de la transformation. Le système européen d’échange de quotas d’émission (ETS) est un outil approprié à cet effet. »

En titre de conclusion, je ne peux que recommander la lecture de ce rapport très riche qui devrait susciter de nombreuses réflexions et discussions.