Politique agricole : la diététique du Conseil fédéral

26.06.2022 | Economie |

Troupeau de vaches à la désalpes
Drapeau français

Source

Presse
Drapeau français

Langue

Français
Territoire Suisse avec croix fédérale

Région

Suisse
Palais fédéral

Thème

Politique suisse
Troupeau de vaches à la désalpes

Cette semaine le Conseil fédéral a publié son rapport sur l’Orientation future de la politique agricole. Ce rapport qui répond à deux postulats de la Commission de l’économie des deux Chambres fédérales semble avoir été accueilli positivement par les différents milieux concernés. Cette relative unanimité contraste avec le rejet de la proposition précédente du gouvernement concernant la politique agricole suisse après 2022. L’examen du rapport PA22+ a été gelé en 2020 par la majorité de droite du Parlement qui reprochait au gouvernement d’en faire trop dans la lutte contre chimie dans l’agriculture et d’accepter un recul du taux d’auto approvisionnement du pays.

Les objectifs déclinés dans ce rapport sont très ambitieux. Le Conseil fédéral ne propose pas moins de maintenir un taux d’auto approvisionnement de 50% à l’horizon 2050 tout en augmentant la productivité du travail de 50% et en diminuant les gaz à effet de serre (GES) de 40%  (par rapport à 1990)!

A mon avis, le passé montre que nous avons beaucoup de peine à atteindre de tels objectifs. Le rapport relève lui-même que la productivité du travail s’est accrue d’environ un tiers au cours des deux dernières décennies. Pour les GES l’agriculture n’avait atteint qu’une réduction de 13% en 2018. Ce rapport met bien en exergue les défis auxquels nous sommes confrontés : « L’un des grands enjeux de l’évolution future de la politique agricole consistera à maintenir le taux net d’autosuffisance sans compromettre la stabilité des écosystèmes. » et plus loin : « Il s’agira d’étudier en détail la transformation de la politique agricole en une politique globale visant à promouvoir l’alimentation saine et la production durable de denrées alimentaires. » (Rapport, p. 20).

À mon avis, ce rapport a été relativement bien accueilli car il énonce des objectifs idéaux que personne n’ose remettre en question, mais il ne se risque pas à détailler les mesures qu’il faudra mettre en place pour atteindre ces objectifs. Je prendrai un exemple simple, celui de la viande. Le rapport relève qu’en Suisse l’élevage de ruminants est pertinent, parce que c’est une des seules utilisations possibles de nos surfaces montagneuses. À l’inverse, le Conseil fédéral fait référence à une pyramide alimentaire « idéale » dont la modélisation impliquerait une réduction de 69% de la consommation de viande par le consommateur helvétique.

Pour moi ce rapport est très intéressant dans la mesure où il élargit la perspective de la politique agricole à l’environnement et traite de sujets importants comme le gaspillage alimentaire ou le développement de marchés de proximité. Par contre, son point faible principal est de reprendre sans états d’âme certaines analyses qui postulent que 60% des atteintes à l’environnement découlant de notre consommation alimentaire trouvent place à l’étranger. Cela ne peut que plaire aux milieux agricoles protectionnistes qui privilégient une fermeture des frontières. Il ne reste plus qu’à réaliser la quadrature du cercle…