L’expansion de l’agriculture dans les régions tropicales est responsable d’une déforestation massive. Par ses importations de produits comme le soja, l’Union européenne est le deuxième responsable de cette déforestation après la Chine. Dans un document publié sur son site français sous le titre « Quand les Européens consomment, les forêts se consument » le WWF (World Wide Fund for Nature) admoneste l’Union européenne et demande à la Commission d’intensifier ses efforts contre la déforestation.
En se basant sur des études du WWF et de de chercheurs suédois sur lesquelles je prévois de revenir plus tard dans un autre article, les auteurs relèvent que l’UE était en 2017 « responsable de 16% de la déforestation associée au commerce international », quand bien même ses importations avaient diminué d’environ 40% depuis 2005. Les principaux produits incriminés sont le soja, l’huile de palme, la viande de bœuf, ainsi que les produits dérivés du bois, du cacao et du café. Au niveau géographique, il s’agit principalement d’importations en provenance du Brésil, de l’Indonésie, de l’Argentine et du Paraguay.
Pour le WWF, les efforts entrepris par l’Europe depuis plus d’une dizaine d’années sont insuffisants. D’abord les importations de l’UE continuent d’être un facteur à l’origine de déforestations car elles provoquent une transformation progressive des forêts en terres agricoles. Il faut d’ailleurs étendre l’analyse au-delà des zones forestières car la pression sur la nature se reporte sur de nouvelles régions non forestières comme le Cerrado et le Chaco en Amérique du Sud. Les systèmes de certifications en faveur de produits « zéro déforestation » ne semble pas obtenir les résultats attendus et le WWF doute dans certains cas de la bonne volonté des entreprises internationales impliquées dans ces programmes. Il propose donc des mesures plus contraignantes et des contrôles plus stricts.
De son côté la Commission européenne a depuis longtemps identifié le problème. Même si la forêt est en forte expansion sur le continent européen (accroissement équivalent à la surface de la Grèce depuis 1990) elle a reconnu les dangers de la disparition des forêts primaires dans le reste du monde et plus particulièrement dans les zones tropicales. Pour la Commission, la protection de ces forêts est un élément important de la stratégie de l’ONU pour le développement durable à l’horizon 2030.
Une communication publiée en juillet 2019 fait le point et relève notamment que l’Europe lutte depuis longtemps contre le commerce international de bois exploités illégalement. Les efforts pour inclure ces questions dans les accords commerciaux conclus par l’Union y sont également rappelés. Malgré cela tous les objectifs n’ont pas été atteints et la situation reste préoccupante. Dans les mesures commentées, la Commission souligne la nécessité d’une coopération internationale, notamment avec les pays exportateurs de ces produits, ainsi que l’information des consommateurs et le développement de meilleurs standards en faveur de produits « zéro-déforestation ». Il est proposé – c’est un des réflexes de la Commission dans ce genre de contexte – de créer un « Observatoire européen de la déforestation ».
Ma conclusion provisoire est que les mesures proposées relèvent surtout de ce qu’on appelle « soft laws » car elles reposent en grande partie sur l’information des consommateurs et sont difficilement traduisibles dans un appareil législatif. Comme relevé dans la discussion suisse sur l’huile de palme, il est important que les organisations de protection de la nature s’engagent encore plus clairement en faveur des standards applicables. J’attends personnellement plus de tels standards que d’un appel à moins consommer…
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