Le gouvernement suisse aimerait bien que notre industrie bancaire soit exemplaire en ce qui concerne son empreinte environnementale. Toutefois, il ne faudrait pas se laisser tenter par un étatisme dangereux. Donc on procède en deux étapes :
- D’abord, l’Association suisse des banquiers/Swissbanking publie le mardi les nouvelles autorégulations en matière de développement durable qui s’imposera à ses membres dès 2023, notamment l’intégration des règles ESG dans le conseil en placement et les questions d’efficacité énergétique pour les crédits hypothécaires. Bien entendu, les non membres de l’association sont totalement libres d’appliquer ou non ce nouvelles règles. Pour les membres, c’est l’audit interne qui devra en vérifier l’application, sans que les conséquences du non-respect ne soit vraiment thématisé.
- Ensuite, le lendemain, soit le mercredi de la séance du Conseil fédéral, le gouvernement lance – avec un certain panache anglo-saxon – les « Swiss Climate Scores ». L’exécutif explique alors dans le détail que la Suisse doit être exemplaire en ce qui concerne la transparence environnementale. Il y explique qu’il ne s’agit pas trop de faire cavalier seul, car on s’appuiera surtout sur des critères déjà établis par des initiatives internationales. L’administration fédérale devra bien sûr examiner dans quelques mois comment ces critères sont appliqués. Bien entendu, tout le monde reste libre et n’aura rien à craindre, si ce n’est les foudres du marché.
Les six critères sur lesquels reposera cet indicateur sont intéressants : 1) Émissions de gaz à effet de serre 2) Exposition aux combustibles fossiles 3) Potentiel de réchauffement global 4) Engagements vérifiés en faveur du net zéro 5) Dialogue crédible sur le climat 6) Gestion en faveur du net zéro. Ils sont largement orientés sur le futur à moyen terme et donc plus dynamiques que, par exemple, la taxinomie de l’Union européenne. Le Conseil fédéral explique aussi qu’on s’est limité aux questions climatiques, car c’est le domaine le plus avancé et dans lequel on dispose de données précises. Le gouvernement est aussi plus frileux que les banquiers : il oublie au passage deux des trois lettres des critères ESG, à savoir Social et Gouvernance !
Pour moi, l’établissement de tels scores nécessitera de nombreuses analyses qualitatives, car peu de choses sont véritablement mesurables en équivalent CO/2 dans ce domaine. Il faudra donc nous pencher sur le détail des méthodes et des critères….