Christian Lévêque Le double visage de la biodiversité. La Nature n’est pas un jardin d’Eden.
Chercheur retraité et auteur prolifique, Christian Lévêque est notamment président honoraire de l’académie d’agriculture de France. Le sous-titre de cet ouvrage publié en 2023 par « l’Artilleur » tire à boulets rouge contre une certaine idée de la nature défendue par les écologistes. Lévêque défend avant tout une agriculture productiviste en affirmant que la priorité est de produire assez de nourriture pour une population en forte croissance.
« Les urbains largement majoritaires et qui ont oublié que pour se nourrir il faut d’abord produire, s’acharnent à dénoncer l’usage des phytosanitaires ou des OGM » (p.91).
Pour l’auteur, la nature est d’abord hostile. Pour lui les conséquences négatives du réchauffement climatique sur la biodiversité sont loin d’être vérifiées. L’histoire de l’humanité est marquée par la lutte incessant de l’homme pour faire face aux défis des catastrophes naturelles. Le développement a permis de mieux y faire face mais « il faudrait que les écologistes disent clairement s’ils sont favorables ou pas à ce que les pays en développement puissent ambitionner d’acquérir notre niveau de vie et donc d’être moins vulnérables aux risques naturels » (p. 75).
Christian Lévêque, qui a vécu et travaillé en Afrique, insiste sur les aspects négatifs de cette « biodiversité » qui dans certaines zones favorise le développement des moustiques qui transmettent la malaria et d’autres maladies qui déciment leurs populations. Il va même jusqu’à douter de l’intérêt de préserver les zones humides, telle que le prévoit notamment la convention internationale de Ramsar. Il se réjouit aussi que la pharmacopée permette de quasi éradiquer certains parasites comme le ténia. Par exemple, « protéger les chauves-souris, c’est entretenir une bombe à retardement ! ».
L’auteur doute du bienfondé des analyses et des prévisions du GIEC et de l’IPBES, son pendant pour la biodiversité. On ne peut pas lier selon lui les pandémies récentes avec le recul de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique doit être plutôt dirigée vers la recherche de nouvelles technologies, notamment nucléaires, plutôt que dans une réduction de notre consommation.
Lévêque termine son ouvrage-brûlot par des réflexions qui me semblent plus intéressantes que le reste de ses analyses « révisionnistes » : « En France, et en Europe en général, nous n’avons pratiquement plus d’espaces sauvages non transformé par l’activité humaine. Nos campagnes conservent l’empreinte des aménagements multiséculaires des cours d’eau, des déforestions, des plantions de haies et d’arbres. Nos paysages co-construits sont le reflet de multiples réaménagements du territoire. Cet espace rural co-construit est un milieu hybride entre l’espace sauvage et l’espace urbain. Nous ne sommes pas dans la situation du tout ou rien, d’une nature sans l’homme ou des urbains sans nature…. Mais dans des continuums. » (p.253).