Diplomatie carbonée

6.07.2021 | Climat |

masque africain
Drapeau français

Source

Presse
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Langue

Français
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Région

Monde
Palais fédéral

Thème

Politique suisse
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Du 5 au 9 juillet 2021 la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga est en voyage au Sénégal puis au Ghana. Dans ce premier pays la Cheffe Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) signera un accord sur la protection du climat, accord approuvé par le Conseil fédéral le 23 juin dernier. Le thème des discussions au Ghana sera comparable car un accord bilatéral sur la protection du climat a déjà été signé en 2020.

La Suisse est le premier pays à avoir signé de tels accords bilatéraux avec des pays en développement. Le mécanisme prévu à l’article 6 de l’Accord de Paris permet à la Suisse de compenser ses émissions de carbone en menant des projets de protection du climat à l’étranger et prendre ainsi en compte les réductions d’émissions réalisées dans son objectif national. Dans le cas du Sénégal, des installations de méthanisation seront construites dans des exploitations agricoles afin de réduire la consommation de bois et de charbon comme combustible.

Depuis 2020 la Suisse a conclu de tels accords avec le Pérou, le Ghana, le Sénégal et Vanuatu. Cette approche fait particulièrement sens pour un économiste. En effet, il est très couteux de réduire les émissions dans une économie qui produit peu de CO2 comme la Suisse, alors qu’une telle réduction coûte nettement moins dans des économies comme celles des pays partenaires. Ce choix tient aussi compte de la très grande ouverture de notre économie : la plus grande partie de notre empreinte carbone provient de l’étranger comme l’indiquent les calculs de l’OFS que j’ai commentés dans une contribution récente. Il est donc utile de réduire le contenu en carbone de nos importations.

La principale critique des écologistes est que ces économies sont en fait comptées à double et qu’il n’est pas possible de faire confiance à des gouvernements minés par la corruption. De surcroît, ces pays en développement devront eux-aussi atteindre des objectifs de réduction ambitieux, ce qui entrera en conflit avec les programmes financés par les pays riches. À mon avis ce dernier problème se posera lorsque des économies importantes auront déjà été atteintes. Aujourd’hui c’est plus le sérieux des contrôles pour éviter le double comptage qui importe. Ces accords bilatéraux prévoient de tels mécanismes de contrôle demandés par l’article 6 de l’Accord de Paris. Les adversaires de ces accords feraient mieux à mon avis de s’investir dans les mécanismes de contrôle plutôt que de proposer de réduire nos importations en provenance de ces pays.

Vous pourrez trouver des informations sur les projets soutenus auprès de la Fondation pour la Protection du Climat et la Compensation de CO2 (KliK).