Climat/Agriculture/Éthique : ménage à 3 ?

31.10.2022 |

La Commission fédérale d’éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH) vient de publier un rapport de 34 pages sur la politique agricole et le climat.

En résumé, la Commission constate que limiter – comme le propose la stratégie de la Confédération – la diminution des gaz à effet de serre (GES) à seulement 40% jusqu’à 2050 dans l’agriculture n’est éthiquement pas défendable. La CENH propose tout simplement de réduire le nombre d’animaux de rente en Suisse et de réguler les importations.

La Commission commence par rappeler que si l’agriculture est responsable de 14% des émissions des GES, cette proportion ne tient pas compte des fourrages et des engrais importés pour assurer la production agricole suisse. À travers l’émission par le bétail de méthane dont les effets sont 28 fois plus forts que ceux du CO2, l’élevage est responsable d’au moins 85% des émissions de GES causées par l’agriculture. Pour les experts, le traitement de faveur de l’agriculture ne se justifie pas et les conclusions sont claires : « Dans le domaine de l’agriculture, rien ne peut donc dispenser de réduire considérablement le nombre d’animaux de rente à l’échelle mondiale et nationale, et de cultiver davantage de végétaux destinés à l’alimentation humaine. » (p. 4).

Comme la Commission a pour tâche d’évaluer le potentiel des nouvelles technologies, elle confirme l’espoir que des solutions puissent être apportées par les biotechnologies, mais constate que ces solutions ne seront jamais disponibles à temps : « Malgré leur potentiel, il semble actuellement peu probable que ces technologies puissent, compte tenu du peu de temps disponible, contribuer au moyen de plantes génétiquement modifiées à garantir ou à accroître les récoltes de façon décisive pour lutter contre les changements climatiques. » p. 4).

Les experts de la CENH sont conscients que limiter la production de viande en Suisse devrait automatiquement se traduire par une augmentation des importations si les habitudes alimentaires ne sont pas profondément adaptées. Il n’hésitent pas à revoir également notre politique commerciale :  « Pour que la réduction des émissions soit effective et que l’objectif global de 1,5°C ne soit pas contourné au moyen des importations, la réduction du nombre d’animaux de rente en Suisse devrait s’accompagner également d’une régulation des importations. Il ne serait alors possible d’importer de la viande que si sa production satisfait aux mêmes exigences que la production agricole nationale. » (p. 22)

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a déjà prévu des mesures de faveur pour protéger l’environnement, mais il reste à vérifier si les arguments de nos éthiciens suffiront à convaincre les défenseurs du libre-échange….

Il reste également à étudier les réactions des philosophes de l’Union suisse des paysans, qui ne devraient pas tarder à se manifester….

Orang-outan/Vache
Orang-outan/Vache

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