Biodiversité : 30, le chiffre magique

20.12.2022 | Biodiversité |

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Politique mondiale

Hier lundi 19 décembre 2022, les représentants de plus de 190 États, dont la Suisse, ont approuvé à Montréal le projet d’accord de sauvetage de la biodiversité présenté par la Chine, où cette 15ème conférence des parties (COP 15) aurait dû débuter 2020. Les discussions qui ont commencé en Chine en 2021, se sont poursuivies à Genève pour se terminer à Montréal, siège du secrétariat de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique. Jusqu’à la dernière minute, le Congo RDC s’est opposé à l’accord pour montrer son problème avec le Ruanda, pays qui avait été désigné comme le négociateur du volet financier de l’accord.

Les négociateurs présentent cet accord comme un pas ambitieux comparable à l’accord de Paris sur le climat en 2015. Le texte de l’accord, que je n’ai trouvé jusqu’ici que dans sa version anglaise comprend quatre objectifs principaux et 23 cibles. L’idée principale est de stopper le déclin de la biodiversité et de commencer à la restaurer à l’horizon 2050, notamment en comblant les besoins financiers des pays les plus touchés, estimés annuellement à 700 milliards de dollars US.

Le chiffre fétiche de 30 apparaît lui dans les cibles. Il s’agit d’abord de stopper les pertes de biodiversité jusqu’en 2030 et de consacrer 30% du territoire à des espaces de préservation de la biodiversité. Ce sont aussi 30% des espaces menacés qui devraient être restaurés d’ici 2030. Les subventions étatiques dangereuses pour la biodiversité devraient être réduites d’ici 2030 d’un montant de 500 milliards USD. Les transferts des pays riches aux pays en développement pour favoriser la biodiversité devraient atteindre 20 milliards USD en 2025 pour arriver à 30 milliards en 2030. Cet élément a fait l’objet d’intenses négociations, les pays en développement exigeant au départ une contribution de 100 milliards USD. La forme des transferts a été également discutée, les pays en développement souhaitant la création d’un nouveau fonds spécialisé. Il semble qu’on s’achemine vers une solution intermédiaire basée sur le fonds des Nations Unies pour l’environnement.

Comme l’accord de Paris, ce texte ne prévoit pas d’obligations précises pour les pays signataires et il est donc, à mon avis, difficile de le considérer comme un succès majeur. D’abord il repose sur des bases fragiles : les objectifs définis en 2010 à la conférence d’Aïchi (Japon) n’ont pas été atteints. Bien sûr la biodiversité est un phénomène très difficile à mesurer et on s’était déjà repliés sur l’étendue des zones de protection en fixant l’objectif de 17%. Pour la Suisse, cette proportion reste ambitieuse car notre pays n’a atteint jusqu’ici qu’une proportion de 13%.

On a entendu dans la presse que cette proportion de 30% est valable pour l’ensemble du globe et pas pour des pays précis. Par contre, des représentants d’ONG environnementales suisses ont déjà déclaré qu’ils attendaient que la Suisse atteigne cet objectif. À mon avis, la balle est dans le camp de l’Office de l’environnement et du DETEC, qui devront convaincre le Conseil fédéral puis le Parlement d’entériner cet accord. Je suis curieux d’observer comment le nouveau chef UDC (qui s’était opposé à la révision de la loi CO2) du DETEC réagira…