Banques suisses notées par le WWF

18.07.2021 |

Fin mai 2021, le WWF a présenté une notation des 15 plus grandes banques de détail en Suisse sous l’angle de la durabilité dont un résumé est disponible en français. Cet exercice a été réalisé en collaboration avec la firme d’audit PwC (PricewaterhouseCoopers) et fait suite à une étude similaire réalisée avec la société de rating ‘inrate’ en 2017. WWF et PwC ont développé un partenariat étroit ces dernières années et semblent engagés de manière comparable au sein de ce projet ; PwC cherchant à se positionner comme un partenaire qui met à disposition des services permettant de devenir plus durable.

Les deux études appliquent la même méthodologie : les diverses activités des banques sont analysées par les experts qui leurs donnent une note pour chacune des dimensions examinées. Les résultats obtenus sont comparés à un ‘idéal ‘ qui caractériserait des banques « visionnaires » ou au moins « pionnières ». Il n’est pas très clair pour moi de savoir si les experts avaient à l’esprit des exemples de banques étrangères pour définir cet idéal. Dans tous les cas, le constat est que la Suisse ne compte aucune banque qu’on puisse classer dans ces deux premières catégories. Les 15 banques retenues en fonction du total de leur bilan comme banque de détail, se répartissent entre trois autres catégories, celle avec des bonnes pratiques (meilleures que la moyenne), celles dans la moyenne et, finalement, celles jugées retardataires ou opaques. L’examen a été détaillé et a considéré trois dimensions des activités de ces banques : la gouvernance d’entreprise, les crédits et les financements, puis l’épargne, les placements et la prévoyance. Les experts ont défini 39 critères et réparti les 15 banques dans une des cinq classes définies pour chaque critère.

La comparaison des deux études n’est pas très poussée dans la publication de 2021 mais mérite à mon avis un examen approfondi comme l’illustre ce tableau :

20172021
Visionnaires
Pionnières
Bonnes pratiquesBerner Kantonalbank, Groupe Raffeisen, Zürcher KantonalbankBasellandschaftliche Kantonalbank, , Berner Kantonalbank, Credit Suisse (Suisse), Groupe Raffeisen, UBS, Zürcher Kantonalbank
MoyennesAargauische Kantonalbank, Banque cantonale vaudoise, Basellandschaftliche Kantonalbank, Basler Kantonalbank, Credit Suisse (Suisse), Luzerner Kantonalbank, Banque Migros, Neue Aargauer Bank, St. Galler Kantonalbank, UBSBanque cantonale vaudoise, Basler Kantonalbank, Banque Migros, Banque Valiant, Graubünder Kantonalbank, St. Galler Kantonalbank
RetardatairesPostFinance, Banque ValiantAargauische Kantonalbank, Luzerner Kantonalbank
Sources: WWF, PwC, inrate

On remarquera d’abord une première différence : la Neue Argauer Bank présente en 2017 a été remplacée par la banque cantonale des Grisons. D’autres modifications importantes frappent d’emblée : les « cancres » de 2017 ont pu améliorer leur score et ont été remplacés par deux établissements jugés comme moyens en 2017. Ensuite, le groupe des « bon élèves » s’est nettement étoffé, passant de trois à six. Les deux grandes banques, UBS et CS se signalent par des notes supérieures à la moyenne en ce qui concerne la gouvernance d’entreprise.

L’étude de 2021 fait bien référence au standards internationaux qui sont en train d’être développés pour caractériser un secteur financier durable mais le constat est critique : à part quelques produits phares mis en avant par les banques qui tentent de verdir leur image, des informations fiables font défaut pour la majorité des investissements, comme l’indiquent ces deux citations du rapport (p. 18).

« Comme il y a quatre ans, l’opacité généralisée concernant le calcul de l’impact environnemental vient surtout du fait que les banques ont du mal à répartir les titres détenus entre les secteurs et sous-secteurs pertinents en matière d’environnement (allocation sectorielle). Mais comme la plupart des entreprises sous-jacentes ne publient toujours pas ces données clés, les banques ne sont pas en mesure d’effectuer cette répartition de leurs investissements. Cela demeure un obstacle majeur au calcul ou à l’estimation de l’impact environnemental. »

« En principe, il serait important d’évaluer et de publier l’impact sur la durabilité de tous les produits de placement et de prévoyance, et non seulement de ceux qui sont classifiés comme «durables». Les clients pourraient alors comparer les différents produits de manière fondée et directe et les banques pourraient gérer, orienter et améliorer de manière ciblée l’impact sur la durabilité de leurs produits. »

Le WWF publie également un « Guide WWF pour les clients bancaires ». Ce document de trois pages avec une belle photo d’arbre exotique en couverture propose principalement de demander à son banquier ce qu’il fait pour l’environnement et d’éviter d’investir dans des entreprises polluantes. Il ne me semble pas d’une très grande aide. Cela reflète un problème systémique : dans le domaine bancaire il existe des indices de performance et de risque qui permettent de comparer les produits et les acteurs. Dans le domaine de l’environnement, on pourrait imaginer que cette métrique se base sur la quantification des émissions de CO2. Toutefois, comme le constate le rapport, de telles informations ne sont actuellement disponibles que pour une petite partie des activités bancaires. De surcroît, si les entreprises dans lesquelles les banques investissent ou auxquelles elles accordent des crédits ne font pas cette démarche, il semble difficile que les banques puissent le faire à leur place en disposant des informations indispensables. Ces imprécisions se conjuguent lorsqu’il s’agit comme dans ce rapport de demander à des experts d’évaluer les activités des banques dans ce contexte. Ce domaine doit donc faire encore de grands progrès et il est nécessaire de suivre avec attention les développements au niveau international.

carte bancaire wwf
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